Faut-il sévir contre les élèves qui insultent leurs professeurs ? Interdire la prostitution et la pornographie à la télévision ? Le fait que ces questions soient à l’ordre du jour montre que le vent a tourné. Notre société semble vouloir revenir aux valeurs que Mai 68 avait cru pouvoir balayer d’un slogan : “Il est interdit d’interdire“. Assistons-nous à une réaction salutaire aux dérives de la morale ou vivons-nous un accès de fièvre réactionnaire ?
Psychologies – Propos recueillis par Hélène Mathieu et Jean-Louis Servan-Schreiber
Psychologies : Souvent les enseignants se sentent traqués par leurs élèves. Or, c’est à eux, en priorité, que l’on demande de transmettre les valeurs de travail et de civisme. Faut-il mettre en place un “délit d’outrage à enseignants” pour leur montrer qu’ils sont à nouveau respectés par le corps social, les familles et leurs élèves ?
Alain Finkielkraut : Il faut savoir que ceux qui, à l’école ou hors de l’école, se livrent à des actes dits publiquement “d’incivilité” ont parfaitement intériorisé le discours des causes : ils se défaussent savamment de leurs responsabilités, ils vous disent tout de suite qu’ils sont ainsi du fait de la précarité, de l’exclusion, du chômage. Ils sont les sociologues d’eux-mêmes. Ce qui arrive aux enseignants dans un certain nombre de classes, arrive aussi aux arbitres sur les terrains de football. Qu’est ce que vous allez faire si des adolescents se vengent sur l’arbitre, lorsqu’ils sont mécontents de la décision ? Vous allez traiter les causes ? Non, vous allez les punir pour ne pas avoir respecté les règles minimales de la vie en société. Je ne considère pas que cette punition de délit d’outrage à enseignants soit une solution, mais je pense qu’il est légitime, dans l’état actuel des choses, de porter secours à des enseignants exposés à des violences inouïes. Continuer la lecture de Finkielkraut – La fin du tout-est-permis