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“Si j’étais de droite, je le dirais.”

Finkielkraut, Le Monde

Le Monde, 16 Janvier 2016, Propos recueillis par Nicolas Truon.

Ecrivain et philosophe, Alain Finkielkraut est l’auteur chez Stock de L’Identité malheureuse (2013) et de La Seule Exactitude (2015) et anime depuis trente ans l’émission hebdomadaire « Répliques » sur France Culture. Il revient sur le reproche qu’on lui fait d’être un néoréactionnaire et sur le climat intellectuel qui règne en France depuis les tueries du 13 novembre 2015.

Vous reconnaissez-vous dans la catégorie des néoréactionnaires ?

Je suis régulièrement traité de réactionnaire, je suis sur toutes les listes noires qui apparaissent périodiquement, tels des marronniers, dans la presse, depuis Le Rappel à l’ordre de Daniel Lindenberg. Si j’étais de droite, je le dirais. Mais je pense que ce clivage a perdu toute pertinence et je me reconnais davantage dans cette phrase d’Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Et bien je voudrais empêcher, par exemple, que l’école se défasse. Or tous les partis ont une responsabilité dans cette déliquescence. Il faudrait donc redéfinir les catégories politiques. Je précise que je n’aurais aucune honte à me dire de droite, mais la droite et la gauche épousent le même mouvement de l’extension illimitée des droits dans lequel je ne me reconnais pas. Continuer la lecture de “Si j’étais de droite, je le dirais.”

Suppression des notes à l’école – Causeur

L’esprit de l’escalier, 14 décembre 2014. Élisabeth Lévy et Alain Finkielkraut débattent chaque dimanche entre 12h et 12h30 sur les thèmes marquants de l’actualité sur les ondes de RCJ. Ce dimanche Alain Finkielkraut livre son regard sur la suppression des notes à l’école et sur la détérioration de la situation au Proche-Orient.

Entretien : culture, éducation, école

Alain Finkielkraut, philosophe, écrivain, fait part de sa vision de la culture, de l’éducation, de l’école, de l’égalité, de la démocratie.
Il a écrit notamment : « L’inculture pour tous est une conquête démocratique sur laquelle il sera très difficile de revenir ».

  • “Depuis que le livre de Bourdieu, Les héritiers, est paru dans les années soixante, un soupçon pèse sur les enfants de la bourgeoisie. Ils auraient une familiarité acquise dans leur milieu avec les beaux livres, avec la belle langue, et au nom du souci d’égalité, on voudrait en quelque sorte, les déposséder, empêcher qu’ils ne puissent jouir plus longtemps de ce privilège. Et donc, au lieu de vouloir élargir autant que faire se peut l’héritage, on est presque conduit à déshériter tout le monde. Je voyais l’autre jour un reportage à la télévision Française et j’y ai appris que des parents d’élèves militaient pour qu’il n’y ait plus de devoirs à la maison pour les élèves du primaire. Et, disaient-ils, certains sont avantagés car leurs parents sont là et les aident, d’autres ne le sont pas, et donc on va éviter ce déséquilibre en faisant en sorte qu’il n’y ait pas de devoirs pour personne. Et d’autre part, on a le sentiment aujourd’hui que le grand projet humaniste de passage de l’inculture à la culture se dissout dans le tout culturel. C’est un des autres effets de la démocratie dans laquelle nous vivons, la culture a de plus en plus de mal à se démarquer de ce qui n’est pas elle, cette démarcation, cette distinction, sont jugées discriminatoires, attentatoire à la variété des gouts   et même élitiste. Le mot “élitisme” a pris une tonalité, une nuance, une connotation péjorative depuis les années 60/70 du 20ème siècle et on en voit les effets dans l’enseignement aujourd’hui et dans l’idée dominante de la culture.”
  • “La démocratie est le seul système politique acceptable, mais précisément elle n’a d’application  qu’en politique. Hors de son domaine, l’égalité est synonyme de mort. La vérité n’est pas démocratique, ni l’intelligence, ni la beauté, ni l’amour. Une éducation vraiment démocratique est une éducation qui forme des hommes capables de défendre et de maintenir la démocratie en politique, mais dans son ordre, qui est celui de la culture, elle est implacablement aristocratique et élitiste.” ~ Simon Leys

“On lit pour avoir un coeur intelligent”

Philosophe, professeur à l’Ecole polytechnique, animateur de l’émission Répliques, sur France Culture, Alain Finkielkraut poursuit, de livre en livre, les avatars de la religion du progrès. Moderne et antimoderne à la fois, il défend la notion de transmission et de culture classique, contre le tout-culturel et le tout-multiculturel. Il publie ce mois-ci Un cœur intelligent, un voyage intime à travers les grandes œuvres de la littérature.

Le Spectacle du Monde – Propos recueillis par François Bousquet

Où vous situez-vous par rapport à la modernité ?

A l’intérieur, bien sûr, comme tout le monde. Mais chemin faisant, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus adhérer aux slogans des années 1960 et 1970, du type « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! », parce que je suis moi-même issu d’un vieux monde, le monde juif notamment, en voie de disparition. C’est sans doute la raison profonde de mon allergie, sinon à la modernité, du moins à l’amour éperdu de l’avenir et à la détestation du passé qui l’accompagne. Le mot d’ordre de Rimbaud – « Il faut être absolument moderne » – a perdu pour moi toute valeur. Je dirai plutôt, avec Albert Camus, que, si chaque génération se croit vouée à refaire le monde, la tâche de la nôtre est différente : elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. Continuer la lecture de “On lit pour avoir un coeur intelligent”

Finkielkraut – Peut-on sauver l’école ?

Conférence de Alain Finkielkraut : La culture en danger – Peut-on sauver l’école ? Paris, mars 2007

  • Vouloir rétablir l’école républicaine, un projet réactionnaire ?
  • La disparition de l’aïdos, facteur primordial de l’apprentissage.
  • Les écueils de la démocratisation. La culture soumise aux critères de la démocratie.
  • Un bilan pessimiste. Vers la destruction de la transcendance ?

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