INTERVIEW – L’auteur, élu jeudi à l’Académie française, revient sur son amour de la France, sa dépression, son rapport à Israël, son dégoût d’une élite inculte, son combat contre le Front national et la nécessité de lire des romans. Interview parue le 13 octobre 2013 dans le JDD. http://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Alain-Finkielkraut-Nous-nous-mentons-a-nous-memes-633951
Est-ce l’un de vos livres les plus personnels ?
Au début, il s’agissait pour moi d’une réflexion générale sur la crise du vivre-ensemble. Mais je n’ai pas pu rester objectif car je souffre de ce qui arrive, je partage le malheur de l’identité. Je lui ai donné une tonalité personnelle par intermittence pour montrer les changements intervenus en France.
Vous avez eu un parcours scolaire exemplaire : Henri IV, Normale, l’agrégation.
N’exagérons rien. J’ai passé l’agrégation de lettres modernes et non de philosophie, j’ai réussi Saint-Cloud après avoir raté le concours de la rue d’Ulm. J’ai d’ailleurs pleuré comme un enfant, devant les panneaux où étaient affichés les résultats. Je me souviens encore de la consolation goguenarde de Bernard Gotlieb, qui était, lui, admissible à Ulm. J’étais un bon élève très anxieux, surtout pendant les examens, où je pouvais devenir temporairement dyslexique. L’assimilation passait par l’école. Les choses allaient de pair dans ma génération. Un désir d’assimilation totale et une sensibilité juive à fleur de peau. Continuer la lecture de “Nous nous mentons à nous-mêmes” →