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Hyperdémocratie

“Nous assistons aujourd’hui à l’emballement des grandes idées démocratiques de liberté et d’égalité, avec le passage de la démocratie à l’hyperdémocratie. Le grand principe d’égalité a cessé de régir seulement le domaine politique pour s’emparer de tous les domaines de l’existence. Si nous sommes tous égaux, l’idée de valeur sombre dans l’équivalence. Le jugement est comme frappé d’interdit. Or, je pense que la culture n’est rien d’autre que l’art de juger.” ~ Alain Finkielkraut  [Source]

Entretien : culture, éducation, école

Alain Finkielkraut, philosophe, écrivain, fait part de sa vision de la culture, de l’éducation, de l’école, de l’égalité, de la démocratie.
Il a écrit notamment : « L’inculture pour tous est une conquête démocratique sur laquelle il sera très difficile de revenir ».

  • “Depuis que le livre de Bourdieu, Les héritiers, est paru dans les années soixante, un soupçon pèse sur les enfants de la bourgeoisie. Ils auraient une familiarité acquise dans leur milieu avec les beaux livres, avec la belle langue, et au nom du souci d’égalité, on voudrait en quelque sorte, les déposséder, empêcher qu’ils ne puissent jouir plus longtemps de ce privilège. Et donc, au lieu de vouloir élargir autant que faire se peut l’héritage, on est presque conduit à déshériter tout le monde. Je voyais l’autre jour un reportage à la télévision Française et j’y ai appris que des parents d’élèves militaient pour qu’il n’y ait plus de devoirs à la maison pour les élèves du primaire. Et, disaient-ils, certains sont avantagés car leurs parents sont là et les aident, d’autres ne le sont pas, et donc on va éviter ce déséquilibre en faisant en sorte qu’il n’y ait pas de devoirs pour personne. Et d’autre part, on a le sentiment aujourd’hui que le grand projet humaniste de passage de l’inculture à la culture se dissout dans le tout culturel. C’est un des autres effets de la démocratie dans laquelle nous vivons, la culture a de plus en plus de mal à se démarquer de ce qui n’est pas elle, cette démarcation, cette distinction, sont jugées discriminatoires, attentatoire à la variété des gouts   et même élitiste. Le mot “élitisme” a pris une tonalité, une nuance, une connotation péjorative depuis les années 60/70 du 20ème siècle et on en voit les effets dans l’enseignement aujourd’hui et dans l’idée dominante de la culture.”
  • “La démocratie est le seul système politique acceptable, mais précisément elle n’a d’application  qu’en politique. Hors de son domaine, l’égalité est synonyme de mort. La vérité n’est pas démocratique, ni l’intelligence, ni la beauté, ni l’amour. Une éducation vraiment démocratique est une éducation qui forme des hommes capables de défendre et de maintenir la démocratie en politique, mais dans son ordre, qui est celui de la culture, elle est implacablement aristocratique et élitiste.” ~ Simon Leys