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« On lit pour avoir un coeur intelligent »

Philosophe, professeur à l’Ecole polytechnique, animateur de l’émission Répliques, sur France Culture, Alain Finkielkraut poursuit, de livre en livre, les avatars de la religion du progrès. Moderne et antimoderne à la fois, il défend la notion de transmission et de culture classique, contre le tout-culturel et le tout-multiculturel. Il publie ce mois-ci Un cœur intelligent, un voyage intime à travers les grandes œuvres de la littérature.

Le Spectacle du Monde – Propos recueillis par François Bousquet

Où vous situez-vous par rapport à la modernité ?

A l’intérieur, bien sûr, comme tout le monde. Mais chemin faisant, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus adhérer aux slogans des années 1960 et 1970, du type « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! », parce que je suis moi-même issu d’un vieux monde, le monde juif notamment, en voie de disparition. C’est sans doute la raison profonde de mon allergie, sinon à la modernité, du moins à l’amour éperdu de l’avenir et à la détestation du passé qui l’accompagne. Le mot d’ordre de Rimbaud – « Il faut être absolument moderne » – a perdu pour moi toute valeur. Je dirai plutôt, avec Albert Camus, que, si chaque génération se croit vouée à refaire le monde, la tâche de la nôtre est différente : elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. Continuer la lecture de « On lit pour avoir un coeur intelligent »

Finkielkraut – La fin du tout-est-permis

Faut-il sévir contre les élèves qui insultent leurs professeurs ? Interdire la prostitution et la pornographie à la télévision ? Le fait que ces questions soient à l’ordre du jour montre que le vent a tourné. Notre société semble vouloir revenir aux valeurs que Mai 68 avait cru pouvoir balayer d’un slogan : « Il est interdit d’interdire« . Assistons-nous à une réaction salutaire aux dérives de la morale ou vivons-nous un accès de fièvre réactionnaire ?

Psychologies – Propos recueillis par Hélène Mathieu et Jean-Louis Servan-Schreiber

Psychologies : Souvent les enseignants se sentent traqués par leurs élèves. Or, c’est à eux, en priorité, que l’on demande de transmettre les valeurs de travail et de civisme. Faut-il mettre en place un « délit d’outrage à enseignants » pour leur montrer qu’ils sont à nouveau respectés par le corps social, les familles et leurs élèves ?

Alain Finkielkraut : Il faut savoir que ceux qui, à l’école ou hors de l’école, se livrent à des actes dits publiquement « d’incivilité » ont parfaitement intériorisé le discours des causes : ils se défaussent savamment de leurs responsabilités, ils vous disent tout de suite qu’ils sont ainsi du fait de la précarité, de l’exclusion, du chômage. Ils sont les sociologues d’eux-mêmes. Ce qui arrive aux enseignants dans un certain nombre de classes, arrive aussi aux arbitres sur les terrains de football. Qu’est ce que vous allez faire si des adolescents se vengent sur l’arbitre, lorsqu’ils sont mécontents de la décision ? Vous allez traiter les causes ? Non, vous allez les punir pour ne pas avoir respecté les règles minimales de la vie en société. Je ne considère pas que cette punition de délit d’outrage à enseignants soit une solution, mais je pense qu’il est légitime, dans l’état actuel des choses, de porter secours à des enseignants exposés à des violences inouïes. Continuer la lecture de Finkielkraut – La fin du tout-est-permis

Finkielkraut – Peut-on sauver l’école ?

Conférence de Alain Finkielkraut : La culture en danger – Peut-on sauver l’école ? Paris, mars 2007

  • Vouloir rétablir l’école républicaine, un projet réactionnaire ?
  • La disparition de l’aïdos, facteur primordial de l’apprentissage.
  • Les écueils de la démocratisation. La culture soumise aux critères de la démocratie.
  • Un bilan pessimiste. Vers la destruction de la transcendance ?

www.akadem.org

Finkielkraut chez Ardisson

Thierry ARDISSON reçoit le philosophe Alain FINKIELKRAUT. Il revient sur quelques uns de ses ouvrages : « Le nouveau désordre amoureux » (1977), écrit avec Pascal Bruckner, tentative de soustraire le sentiment amoureux à la libération sexuelle ; « Le mécontemporain » (1992), sorte d’éloge de Charles Péguy ; « L’ingratitude »(1999), dans lequel il essaie de montrer que l’homme contemporain n’est plus capable d’entretenir une relation féconde avec le passé.