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Alain Finkielkraut: « La France se désintègre »

Alain Finkielkraut: « La France se désintègre »
L’Express, propos recueillis par Christian Makarian, le 07/10/2015

La France se désintègre

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/alain-finkielkraut-la-france-se-desintegre_1722879.html

Dans son dernier livre, La Seule Exactitude, Alain Finkielkraut trace à la machette un chemin de réflexion à travers les grands débats qui divisent le pays. A droite ? Il s’en défend. Tout en expliquant pourquoi la gauche a perdu son hégémonie culturelle.

Dans votre livre, La Seule Exactitude (Stock), titre emprunté à Péguy, vous cherchez à dessiller les yeux de vos contemporains en écartant bon nombre de contrevérités. Notamment en ce qui concerne le thème récurrent de l' »islamophobie ». Où est donc l’exactitude ?

Il y a une phrase de Paul Valéry que je médite sans cesse. « Quand un homme ou une assemblée, saisis de circonstances pressantes ou embarrassantes, se trouvent contraints d’agir, leur délibération considère bien moins l’état même des choses, en tant qu’il ne s’était jamais présenté jusque-là, qu’elle ne consulte des souvenirs imaginaires. » Cette disposition spontanée de l’esprit est de nos jours aggravée par le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. Hitler nous hante et nous incite à nous souvenir d’abord, au lieu de répondre par l’invention à l’originalité de la situation présente.   Continuer la lecture de Alain Finkielkraut: « La France se désintègre »

iTélé, janvier 2015

Alain Finkielkraut – « L’invité de 18h », iTélé – 18 Janvier 2015

  • « Depuis une semaine on dit le vrai, et je pense qu’à partir du moment où on fait face à la réalité, on peut commencer à résoudre les problèmes. »
  • « On fait quoi ? On est absolument intransigeant sur la question de la laïcité et on amorce une réflexion forte sur la liberté d’expression. La liberté d’expression ce n’est simplement le droit qu’a chacun de dire ce qu’il veut quand il veut. Ce n’est pas le droit de Dieudonné de dire « Faurisson a raison, la Shoah c’est du bidon ». On peut critiquer une croyance, mais on ne peut pas nier un fait. Un fait n’est pas une croyance. Il y a des gens qui en déduisent et qui disent : « Puisque la Shoah est sacrée aujourd’hui, c’est la même chose que Mahomet ». Non, les faits sont sacrés pour nous, et cela n’a rien à voir. Mais surtout , on essaye de faire entendre que la liberté est une blessure, parce que la liberté d’expression est un droit de l’homme, mais je ne suis pas seul à être un homme, il y  a d’autres hommes, et ces hommes disent des choses qui m’exaspèrent, qui me font souffrir . Il y a une douleur de la liberté, et c’est cela qu’il faut faire entendre. Puisque vous vivez dans un pays de démocratie, alors habituez-vous à entendre des choses qui vous font souffrir. (…) Il ne faut entretenir aucune confusion entre une opinion, une croyance, et le fait. Le fait, c’est autre chose, les vérités factuelles nous devons les protéger, parce que si chacun arrive avec ses propres faits, avec Internet, alors c’est le monde commun qui s’écroule et il n’y a même plus de liberté d’opinion possible. Il n’y a plus qu’un asile de fous, nous deviendrons tous des psychotiques. Et c’est cette différence-là qu’il faut arriver à faire entendre. »
  • « Il faut être très clair. La haine des musulmans doit être combattue et poursuivie. Mais « phobie » comme le remarquait Olivier Rollin dans un magnifique article du Monde, en Grec, cela ne veut pas dire « haine », mais « peur ». La peur de l’Islam et la peur d’un certain Islam, c’est, dans la situation actuelle, la moindre des choses. »
  • « La France semble être entrée dans une ère post-culturelle et post-nationale. C’était une « patrie littéraire » disait Mona Ozouf, et il est clair que le surmoi littéraire n’exerce que peu d’autorité sur le discours de nos hommes politiques. C’est dommage, il faudrait donner l’exemple de la rectitude syntaxique, tout le monde devrait apprendre à se tenir droit. »
  • « La langue maternelle contribue à faire de nous ce que nous sommes, nous ne sommes pas cause de nous-mêmes, nous sommes endettés envers nos aïeux à travers la langue que nous parlons, c’est l’expression de notre finitude, et plus cette langue est variée, plus cette langue est belle, plus nous arrivons à nous entendre, ou en tous cas à accepter de ne pas nous entendre. Le plus terrifiant sur ce qui a été dit sur les quartiers, c’est cette confidence d’un professeur de Seine-Saint-Denis « Mes élèves, ils ont 500 mots ». Et quand ils n’ont que 500 mots, c’est très difficile de leur faire entendre raison, et c’est très difficile pour eux de ne pas basculer dans la violence. »